Le 24 mars 2022, les Centres Sociaux et Espaces de Vie Sociale de la Haute-Vienne ont rendu visite au Centre d’Animation des Couronneries (Poitiers/86). Ils souhaitaient découvrir comment ce Centre Social, implanté en quartier prioritaire, avait transformé sa façon de travailler en allant vers les habitants et en se rendant visible dans l’espace public. Directeurs, coordinateurs, référents familles, animateurs jeunes, administrateurs. Ils sont venus nombreux et sont repartis motivés de cette journée de compagnonnage dans la Vienne.
Ouvrir les yeux et les oreilles
Le groupe de 50 visiteurs a participer au programme que leur avait préparé l’équipe du Centre d’Animation : visite du quartier, repérage des lieux de passage, repérage des habitants. Une mise en situation grandeur nature pour s’imprégner du quartier. « S’il y a bien une chose que l’on a appris après ces 4 années de démarche en mode aller vers les habitants, c’est qu’avant de parler du comment on fait et de ça sert à quoi ? il faut se connecter au territoire et l’éprouver, le vivre sans savoir où on va et surtout ce qu’on va trouver, explique Alexandra Neraudeau, responsable du Projet ALFA (Aller Vers et Faire Avec). »
Ce qu’en ont pensé les visiteurs
« Nous avons une habitude de sortir de notre Centre Social, nous explique un directeur de l’équipe des visiteurs. Nous avons eu envie de venir observer ce qui se passe ailleurs que dans notre ville pour nous rassurer dans nos pratiques et nous donner de l’allant. » Les participants se sont en effet déjà essayés à s’installer dans les parcs ou sur les places publique, à aller discuter avec les jeunes au skate park ou au city stade. La journée avec le CAC renforce leur envie d’aller au delà. « Nous allons surement aller plus souvent dans ces lieux pour toucher plus de jeunes. Nous allons aussi poursuivre le repair café. C’est une occasion de rencontrer les habitants et de présenter le Centre, explique Isabelle, directrice du Centre Social de Nexon« .
Les questions sont nombreuses : le temps à consacrer à sortir, à repérer les lieux à investir? Faut-il arrêter d’autres activités? Faut-il former toute l’équipe? Et à la campagne, ça fonctionne? A moyens constants, peut-on vraiment envisager de consacrer du temps à écouter le territoire?
Un bouleversement pour le métier d’animateur
Cette rencontre a permis de prendre conscience qu’Aller vers, va au delà de l’animation de rue, ou de l’occupation de l’espace public. C’est aussi un grand bouleversement des pratiques professionnelles. On se met en danger, on sort de sa zone de confort. « Des journées comme celle-ci nous permettent d’être plusieurs de l’équipe à entendre que cela fonctionne. Cela nous aide à comprendre que pour changer notre logiciel d’animateur, pour que l’équipe imagine l’animation autrement, un accompagnement est nécessaire. Par la direction ou par un organisme extérieur. Cela permet de continuer à travailler de façon sécurisante et que les membres de l’équipe y aillent de façon confortable insiste Jean-Luc, directeur d’Alchimis. »
Xavier est responsable jeunesse à Ambazac. Pour lui , l’animateur est un accompagnateur. « Il y a quelque temps encore, je travaillais sans vraiment de concertation avec les jeunes que j’accompagnais. Aujourd’hui, je propose un cadre, des étapes, une méthode pour que les jeunes construisent leur propre projet. Je n’interviens plus dans le processus de décision des jeunes que j’accompagne. Cela demande de passer beaucoup plus de temps avec les jeunes et bien sûr, de le faire accepter par les administrateurs et la direction. Eux mêmes doivent composer avec les financeurs, qui ne partagent pas la même temporalité. »
Ca fonctionne en milieu rural aussi
Aller vers n’est pas l’exclusivité des Centres Sociaux urbains. Les Centres ruraux ont également témoigné de leurs expériences. « A la campagne, on peut aussi faire du porte à porte, explique Mary Fraudeau, directrice de Mille Bulles (86). Les administrateurs et les professionnels ont renouvelé l’expérience plusieurs fois. Les habitants sont très accueillants et se confient beaucoup. Pour le Centre, c’est l’occasion de faire connaissance, de repérer des besoins, des forces et de leur parler de notre association. Quand on les invite à nos journées jeux dans les petits villages du sud de la Vienne, nous accueillons plus de 120 participants de 7 à 77 ans. »
Compagnonnage : un vrai plus de réseau
« Cette journée thématique est une occasion de faire le 1er pas vers les Centres Sociaux des départements voisins, que nous n’avons pas l’habitude de côtoyer. Cela nous permet d’échanger sur nos pratiques, de partager nos ressources. Et puis, quand on s’est déjà vu une fois, c’est plus facile de se contacter pour poser une question ou partager une préoccupation, explique Isabelle, directrice du Centre de Nexon (87). » Xavier est responsable jeunesse à Ambazac. Il venais chercher des outils comme le porteur de parole, pour animer l’espace public, pour communiquer.