Le périscolaire aussi recherche son « monde d’après » !

L’Union Régionale des Centres Sociaux de Nouvelle Aquitaine a signé une tribune diffusée par le CRAJEP.

L’objectif de cette tribune est d’interpeller sur l’enjeu de politiques nationales et éducatives prenant en compte le temps périscolaire, la reconnaissance du métier d’animateur ou d’animatrice périscolaire, le rôle de l’Etat aux côtés des collectivités locales dans la prise en charge de la qualité de l’accueil, et aussi, soutenir et donner à ces professions visibilité et reconnaissance, travailler autour d’une politique nationale ambitieuse pour faire de l’animation périscolaire un métier reconnu à sa juste valeur.

Temps essentiel du quotidien de près de trois millions d’enfants et du soutien à la parentalité, le temps périscolaire reste pourtant dans l’angle mort des débats nationaux sur les politiques éducatives et leurs moyens, malgré les efforts de nombreuses communes. Tribunes, articles, témoignages : depuis 2013, les directeur.rice.s d’école et enseignant.e.s, parents d’élèves, mairies et associations alertent sur le manque de reconnaissance et les difficultés rencontrées par les animateurs et animatrices. Mais le grand plan national pour le périscolaire est toujours attendu.
De quoi parle-t-on ? Complémentaire au temps scolaire, le temps d’accueil périscolaire (TAP) constitue un temps éducatif à part entière, couvrant le matin, le midi et le soir, pouvant aller jusqu’à 6 heures par jour dans la journée de l’enfant. Âgés de 2 à 11 ans, les enfants y passent un temps de détente et y acquièrent, grâce à des activités individuelles et collectives, des compétences utiles pour leur scolarité et le vivre-ensemble. Le TAP contribue à renforcer et diversifier leurs apprentissages, à leur faire découvrir le monde et l’environnement différemment, à créer une passerelle entre le temps de la classe et le retour au foyer.
Tisseuses et tisseurs de lien social, souvent passeur.se.s entre le monde des enfants et celui des parents et enseignant.e.s, ces professionnel.le.s du périscolaire (animatrices, animateurs, ATSEM, agent.e.s d’entretien) représentent un maillon essentiel de la chaîne éducative, qui a notamment permis de maintenir l’accueil des enfants et le soutien aux parents durant la crise sanitaire.
Pourtant, ce service est menacé par le manque de reconnaissance, la précarité permanente de leur emploi, l’insuffisance de moyens pour les formations des animateur.rice.s, entraînant un manque d’attrait pour ce domaine d’emploi pourtant essentiels pour les enfants et leurs parents. Et la crise sanitaire n’a fait qu’accentuer leurs difficultés, amenant nombre d’animateurs et animatrices à manifester au cours de l’année 2020-2021, comme lors de la grève nationale et interprofessionnelle du 4 février 2021.

Quel monde d’après pour le périscolaire ? Dans les discours du gouvernement, pas un mot pour ces personnels, pourtant eux aussi en première ligne face au COVID. Ce silence est d’autant plus regrettable que le périscolaire est au cœur des enjeux de lutte contre les inégalités, notamment celle de l’accès à la culture, au sport ou aux loisirs.
Le métier d’animateur ou d’animatrice périscolaire ne s’improvise pas. Animer requiert de réelles compétences de surveillance et d’accompagnement des enfants, d’écoute des jeunes, de conduite de projets à visée éducative, de dialogue avec les familles, de développement de la curiosité et des connaissances des enfants, d’adaptation aux différents temps de la journée et au rythme de l’enfant.
Nous, élu.e.s de collectivités territoriales, nous associons aux revendications exprimées par les professionnel.le.s du secteur. La qualité de nos accueils est fragilisée par ces difficultés. Et l’ensemble des collectivités que nous représentons n’est pas toujours en mesure d’y consacrer le très important budget nécessaire. D’autant plus que depuis 2018, dans le cadre de la contractualisation avec l’État, le gouvernement incite fortement les collectivités à travailler à budget constant et les pénalise financièrement en cas d’augmentation de leurs dépenses de fonctionnement. Attachées aux valeurs de service public, à celles de l’éducation populaire, et à la volonté de mener des politiques éducatives ambitieuses et de qualité, nous ne pouvons-nous satisfaire de cette situation. Chaque collectivité s’attache à améliorer la situation selon son organisation, par la mutualisation des postes, l’aménageant des horaires et l’impulsion de projets transversaux. Malgré tout, une politique volontariste de l’État est indispensable.
Indispensable, le changement de regard sur le métier d’animateur.rice l’est tout autant. L’enquête de la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) réalisée en 2019 auprès de 10 000 familles d’enfants de 3 à 10 ans, indique que les parents y voient essentiellement une solution pour faire garder leur(s) enfant(s). Cette vision ne pourra changer sans une valorisation locale et nationale du TAP et des animatrices et animateurs qui le font vivre. Ces acteurs de l’éducation trop souvent dans l’ombre, sont pourtant les premiers à vouloir faire de cet espace, un temps éducatif fort, de convivialité et de socialisation, où se mêlent le plaisir, le jeu, le partage, la découverte et l’exercice de la citoyenneté.
À travers cette tribune, nous souhaitons soutenir et donner à ces professions visibilité et reconnaissance. Et rappeler que le combat est encore à mener pour permettre aux animatrices et animateurs d’exercer leur métier dans de bonnes conditions. Cette précarité affecte l’ensemble des acteurs du secteur, et demande aux collectivités et associations d’apporter des moyens techniques et financiers conséquents notamment en frais de personnel. Les aides de la CNAF et de l’État (21% à eux deux du financement du périscolaire) sont précieuses, mais restent à ce jour insuffisantes au regard des besoins.
Nous appelons donc les pouvoirs publics à se rassembler. À ouvrir un dialogue avec les collectivités et acteurs du secteur. A travailler ensemble autour d’une politique nationale ambitieuse pour faire de l’animation périscolaire un métier reconnu à sa juste valeur. A engager les financements nécessaires pour le bien grandir de nos enfants.

Si vous souhaitez également co-signé cette tribune, voici le lien :
https://framaforms.org/tribune-le-periscolaire-aussi-recherche-son-monde-dapres-1624955966

N’hésitez pas à le faire circuler autour de vous et d’être signataire !

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